Les Achats Généraux à l’heure de l’Economie de Services par Raymonde Sauerwald, Présidente CDAF Grand-Est

9 janvier 2017

Que représentent  les achats généraux ou indirects actuellement dans l’entreprise ? Sont-ils stratégiques ?

A l’heure d’une mutation économique sans précédent, les entreprises passent, de plus en plus, d’une économie industrielle à une économie de services dématérialisée, connectée et mondialisée. Cette économie de services nécessite toujours plus de prestations intellectuelles, de fournitures, de déplacements… et aussi de prestations externalisées. Dans ce contexte, optimiser les achats hors production ou indirects représente un gisement essentiel de rentabilité et de productivité, encore largement inexploité. Aujourd’hui, les entreprises doivent « repenser » la gouvernance de leurs achats généraux, devenus en quelques années stratégiques, en termes de cœur de métier, d’organisation et d’objectifs.

 

Quels sont les enjeux actuels des acheteurs ?

Dans un monde de plus en plus concurrentiel, toutes les entreprises doivent optimiser leurs dépenses. L’enjeu N°1 des acheteurs s’avère donc la réduction des coûts avec « bon sens ». Soit la mise en place d’une stratégie pertinente, d’une cartographie des familles tactiques et la nécessité de privilégier les échanges entre acheteurs et contributeurs.

En effet, à l’heure de l’Economie de Services, les acheteurs se doivent d’optimiser la gestion de la relation fournisseur pour garantir la meilleure qualité. De plus en plus, les prestations intellectuelles pointues vont être externalisées ; les fournisseurs sélectionnés vont irriguer leurs expertises dans l’entreprise. Les acheteurs vont voir ainsi leur périmètre d’intervention s’étendre pour sélectionner les partenaires les plus pertinents sur de multiples segments de marché, en particulier dans le conseil.

Une des autres priorités des acheteurs est la réduction du panel fournisseur. Pour piloter et contrôler la relation fournisseur, il faut déjà pouvoir la maîtriser. Concentration des volumes et recentrage sur le cœur de métier obligent, les entreprises vont privilégier des fournisseurs ou des sous-traitants avec lesquels ils vont nouer des partenariats stratégiques. Pour les produits et services basiques, l’externalisation totale comme la conciergerie, à titre d’exemple, va s’accentuer et devenir la norme.

Enfin, les acheteurs doivent désormais raisonner « Monde ». A ce titre, la zone géographique s’étend pour trouver les meilleures compétences ; la dimension locale et la dimension « made in France » sont privilégiées et s’inscrivent, quant à elles, dans une démarche de RSE définie et portée par la Direction Générale et la Direction Achats. De nombreuses idées reçues doivent être combattues dans ce domaine, en particulier celle du surcoût de l’achat responsable.

Quels sont les enjeux futurs ?

De plus en plus, la gestion des risques fournisseurs va s’imposer comme une priorité des Directions Achats. Plus de prestations seront confiées à des sous-traitants, plus il sera important de vérifier la pérennité et la santé financière de ces derniers, au delà de l’efficacité et de la pertinence opérationnelles. Des réglementations existent déjà comme la vigilance sous-traitant ; sur le terrain, cette obligation administrative est encore trop peu appliquée. A cela s’ajoute que les acheteurs vont devoir aller encore plus loin dans la collaboration en construisant avec leurs fournisseurs des plans de progrès pour évoluer ensemble. A ce titre, l’innovation fournisseur, co-construite avec l’entreprise, devrait se développer et se diffuser sur toute la chaîne. Imagination et innovation devraient ainsi se conjuguer au service de la performance achat.

Les achats généraux stratégiques pour tous?

Efficience publique et réduction budgétaire obligent, les achats généraux prennent aujourd’hui une ampleur sans précédent dans les organisations publiques, en particulier les établissements publics (hôpitaux par exemple), les collectivités locales et départementales, les ministères… Preuve en est, il y a de plus en plus d’embauches d’acheteurs, provenant du privé, dans le public. A mes yeux, les achats généraux ont gagné leurs « lettres de noblesse »